La Torah contient deux grandes séries de prophéties dites « de malédiction » : l’une dans le Lévitique au chapitre 26, l’autre dans le Deutéronome, au chapitre 28,15-68. Et ces deux séries de malédiction concernent les deux grands exils du peuple juif, selon Maimonide au 13e siècle. Deux Temples ont été construits à Jérusalem et après chacune des destructions de ces Temples, il y a eu un exil : le premier Temple a été détruit par Nabuchodonosor en -586, puis il y a eu un exil de 70 ans en terre de Babylonie. Puis le deuxième temple a été construit au retour de la captivité des Juifs ; il a été détruit en l’an 70 par les Romains qui exilent les Juifs en 135. Et ce deuxième exil dure encore aujourd’hui.
Les prophéties concernant les événements antérieurs à la traduction des Septante ne remplissent pas le 3e critère sur la datation, donc nous ne gardons que celles du chapitre 28 du Deutéronome.
La première partie du texte est une suite de bénédictions, qui sont promises à Israël s'il est fidèle : « Si tu écoutes attentivement la voix du Seigneur ton Dieu, si tu veilles à mettre en pratique tous ses commandements que moi je te donne aujourd’hui, alors le Seigneur ton Dieu te placera plus haut que toutes les nations de la terre » (Dt 28,1), etc.
La deuxième partie est au contraire une suite de malédictions, qui sont annoncées à Israël, s'il n'est pas fidèle à l'Alliance avec Dieu, qui commencent par cet avertissement : « Mais si tu n’écoutes pas la voix du Seigneur ton Dieu, si tu ne veilles pas à mettre en pratique tous ses commandements et ses décrets que moi je te donne aujourd’hui, alors, toutes les malédictions que voici viendront sur toi et t’atteindront » (Dt 28,15) suivi d'une longue liste de 98 malédictions ...
L’accomplissement est arrivé avec la destruction du Temple de Jérusalem, en 70 après Jésus-Christ : en cette période historique décisive, les Juifs se révoltent contre les Romains, mais cette révolte est matée dans un bain de sang. Les Romains vont alors réduire des centaines de milliers de Juifs en esclavage et les vendre. La logique aurait voulu qu’ils soient vendus à Rome (où il y avait un marché et beaucoup de demandes), mais ce fut finalement en Égypte où ils n'étaient pas attendus. Et le plus court chemin entre Israël et l'Égypte se fait à pied (environ dix jours de marche), mais ce fut finalement par la mer, par une armada de milliers de galères.
Ces faits historiques sont rapportés par l’écrivain Munter, avec notamment ces 4 points étonnants : 1°/ les juifs ont été transportés par bateau 2°/ jusqu'en Égypte, 3°/ ils ont été vendus en esclavage, 4°/ mais personne ne voulait les acheter. Or c’est très précisément ce qui figure dans le Deutéronome, chapitre 28, verset 68 : « Et le Seigneur te fera retourner sur des bateaux (1e point) en Égypte, par une route dont je t’avais dit : “Tu ne la reverras plus jamais !” (2e point) Et là vous vous mettrez vous-mêmes en vente pour être les serviteurs et les servantes de tes ennemis, (3e point), mais il n’y aura pas d’acheteur ! (4e point) »
La coïncidence étonnante des faits historiques avec les détails extrêmement improbables de la prophétie postule de manière très rationnelle que ce n’est pas d’origine humaine, mais divine.
Il est annoncé à Israël, en cas d’infidélité, dans le même chapitre 28 du Deutéronome au verset 37 : « Tu seras la stupeur, la fable, la risée de tous les peuples où le Seigneur te conduira (...) Tu répéteras ces paroles à tes enfants ; tu seras un sujet de conversation ». Or, les Juifs ne représentent que 13 millions de personnes, sur près de 7 milliards sur Terre ; Israël est tout petit, et pourtant, il est vrai que les médias parlent effectivement sans cesse des juifs ...
Voilà ce que disait Mark Twain à ce sujet : « Si les statistiques sont exactes, les Juifs ne constituent qu'1% de la race humaine. Cela évoque un vague et nébuleux saupoudrage de poussière d’étoile perdue dans la traînée de la Voie Lactée. Naturellement, on devrait à peine entendre parler du Juif. On en entend parler, on en a toujours entendu parler. Il tient autant de place sur la planète que n’importe quel autre peuple malgré son infime importance numérique. Il a également contribué à la liste des grands noms du monde en littérature, science, en arts, musique, finance, médecine ».
On parle du peuple juif de façon non proportionnelle.
De même Lloyd George, chef du cabinet de Winston Churchill durant l’entre-deux-guerres : « De tous les extrémismes et les fanatismes qui se déchaînent dans la nature humaine, il n´y en a pas d'aussi irrationnel que l´antisémitisme. Les Juifs ne peuvent se justifier aux yeux de ces fanatiques. S'ils sont riches, on les vole. S'ils sont pauvres, on les raille. S'ils s'engagent dans la guerre, c´est parce qu´ils veulent tirer profit du sang non juif ainsi versé. S'ils prennent parti pour la paix, c´est qu´ils sont couards de nature ou alors traîtres. Si le Juif habite dans un pays étranger, on le persécute ou on l´expulse. S´il rêve de retourner sur sa propre terre, on l´en empêche ».
Les juifs ont à juste titre le sentiment que tout le monde parle d'eux alors qu’ils ne représentent qu’une minuscule tribu sur la terre. Les journaux, TV et radios parlent tous les jours de ce peuple juif comme il est dit effectivement dans la Torah : « On parlera de toi sans cesse » (Dt 28,37).
Dans quel pays n’y a-t-il pas de Juifs, ou n’y a-t-il pas eu de Juifs ? Aucun semble-t-il. Il y a des juifs chinois, australiens, péruviens, etc. Aucun être humain n’aurait pu prévoir une telle dispersion et aucune autre race n'est comparable à cette réalité que les juifs relient à la prophétie :
« Le Seigneur te dispersera parmi tous les peuples d’un bout du monde à l’autre et tu serviras des dieux étrangers de bois et de pierre que tu n’as pas connus, toi et tes pères » (Dt 28,36).
« Le Seigneur te mènera vers une nation inconnue de toi et de tes pères, et là tu serviras d’autres dieux : du bois et de la pierre ! » (Dt 28,36).
Ils interprètent le mot « servir » par le fait de payer des taxes et des impôts, ce qui a été vrai pendant tout leur exil, et par le fait qu'ils ont dû parfois se convertir de force à d'autres religions.
Ils argumentent encore en disant que bien peu habitent leur pays de résidence actuelle, eux ou leurs parents ou ancêtres, depuis plus de cinquante ans. Les chiffres disent qu’en raison des persécutions incessantes et des expulsions forcées, la plupart des Juifs sont des nouveaux venus dans leur pays de résidence respectif ; 90% des Juifs n’y sont que depuis un siècle ou moins. Seuls 10% y sont depuis plus d’un siècle, alors que si cette question était posée à un public français, allemand, anglais ou russe, non juif, tout le monde ou presque lèverait la main...
Aucun être humain, de façon rationnelle et normale, aurait pu prévoir il y a 2300 ans que, durant cet exil, le peuple juif allait être expulsé sans cesse d’un endroit à un autre comme le dit le Deutéronome : « Parmi ces peuples, tu ne trouveras pas de calme et il n’y aura pas de repos pour la plante de ton pied » (Dt 28,65).
Pourtant, on peut trouver quatre exceptions à cette prophétie. Or, si une prophétie est mille fois vraie, mais une seule fois fausse, alors elle est entièrement fausse ! Comment expliquer le cas des Djerbiens, des Falashas, des Yéménites et des Irakiens qui n’ont pas bougé d’un iota pendant 2.000 ans ? La réponse – étonnante de précision – est que ces quatre communautés – et exclusivement ces quatre-là – sont toutes issues du premier exil (-586 par Nabuchodonosor). Elles ne seraient donc pas concernées par le deuxième lot de prophéties qui parle du deuxième exil, selon les rabbins.
Il y a en effet deux séries de prophéties de malédiction. Celle qui a été analysée pour l'instant concernerait le deuxième exil (par les Romains en l’an 135) alors que la première série concernerait le premier exil perpétré par Nabuchodonosor en -586 où il y a marqué : « Dieu t’amènera en terre d’exil » mais où il est marqué nulle part « il n’y aura pas de repos pour tes pieds » ou « tu seras expulsé sans cesse ».
Dernière prophétie de ce chapitre étonnant, Deutéronome, 28,65-67 : « Le Seigneur te donnera un cœur tremblant, des yeux usés, une âme angoissée. Ta vie sera comme en suspens devant toi, tu craindras jour et nuit et tu n’auras pas foi en ton existence. Tu diras le matin : « Que n’est-ce le soir ! », et le soir tu diras : « Que n’est-ce le matin ! », dans l’angoisse qui emplira ton cœur, au spectacle que verront tes yeux ». Et effectivement, bien peu de peuple ont connu autant d’angoisses, de souffrances, de tortures, de maux que le peuple juif ...