La question de la proclamation éventuelle par l'Eglise catholique du Dogme de Marie Co-rédemptrice, Médiatrice et Avocate a été et continue d'être un sujet très controversé. Il n'est pas difficile de comprendre la réticence des théologiens et même des Papes à cet égard, ayant peur que le fait d'accorder à la Mère de Jésus le titre de "Co-rédemptrice" ne contredise l'unique rôle du Christ dans l'oeuvre divine de la Rédemption, et craignant qu'un tel dogme ne soit très mal accueilli par les autres confessions chrétiennes, constituant un obstacle au dialogue oecuménique. Pourtant, comme nous le verrons, la qualification de la Vierge comme Co-rédemptrice, Médiatrice et Avocate apparaît non seulement dans la Tradition mais aussi dans une grande quantité de révélations privées. Il est vrai que pendant longtemps, le principal point de répère chez les mystiques pour les partisans d'un Cinquième Dogme Marial était les apparitions à Ida Peerdeman à Amsterdam (1945-1959), où la demande de ce dogme était explicitement formulée par la voyante. Objet d'un jugement négatif en 1974 de la part de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ces apparitions furent pourtant approuvées au niveau diocésain en 2002 par l'évêque de Haarlem-Amsterdam Mgr Jozef Marianus Punt, approbation ensuite révoquée par Rome en décembre 2020 en revenant à la position de 1974. A l'heure actuelle, la diffusion des révélations d'Ida Peerdeman est formellement interdite.
Cependant, cela ne signifie pas que la question du Cinquième Dogme Marial soit automatiquement caduque. L'utilisation des trois termes de Co-rédemptrice, Médiatrice et Avocate apparaît régulièrement dans plusieurs autres sources avant et après les apparitions d'Amsterdam, et la demande explicite de la proclamation du Dogme a récemment été répétée dans une apparition en cours (Trevignano Romano) qui n'a pas été condamnée et qui a été l'objet de plusieurs publications au niveau international.
La recherche en théologie mystique se trouve par ailleurs confrontée à un sérieux problème d'ordre logique : si les révélations affirmées par Ida Peerdeman ne sont pas authentiques, comment expliquer l'approbation par Mgr John Shojiro Ito des phénomènes mystiques à Akita au Japon dans les années 1970, où on a constaté 101 lacrimations d'une statue en bois de Notre-Dame de Tous les Peuples sculptée selon la description donnée par Ida lors des apparitions d'Amsterdam, accompagnant les messages transmis par Sr Agnès Sasagawa ? Logiquement, étant donné le lien organique entre les deux apparitions néerlandaises et japonaises - lien souligné par Mgr Ito - on devrait aussi "désapprouver" les révélations de Sr Agnès. Mais que faire alors des lacrimations de la statue, pourtant jugées scientifiquement inexplicables, tout comme la guérison définitive de la surdité de la religieuse d'Akita ?