Le langage des larmes

Si nous pouvons constater l'existence d'un très grand nombre de paroles prophétiques par les diverses sources mystiques de la période moderne à travers le monde, il faudrait également signaler une grande quantité de ce qu'on pourrait appeler des "messages sans paroles". Il s'agit de phénomènes inexpliqués, signes du surnaturel, parmi lesquels se trouvent des exsudations de larmes, de l'huile ou du sang de diverses sortes d'images religieuses (statues, icônes, tableaux, photographies...). Il est vrai que ces exsudations peuvent heurter la sensibilité "moderne" qui les voit comme des anachronismes liés à des croyances d'une autre époque, mais la fréquence et la constance avec laquelle les phénomènes surviennent suggère que ce serait une erreur de les balayer d'un revers de main à cause d'un a priori esthétique ou théologique, sans chercher une signification possible.

Si on interprète souvent l'huile comme synonyme de bénédiction ou de guérison, il est naturel de considérer les larmes ou le sang - tout comme la stigmatisation dans la tradition mystique - comme les expressions de la douleur du Ciel face à l'égarement de l'homme. Dans un contexte catholique, ces signes accompagnent fréquemment les apparitions mariales (la Vierge ayant notamment pleuré en personne devant Maximin Giraud et Mélanie Calvat à La Salette en 1846), comme à Akita, Civitavecchia, Manduria ou actuellement à Trevignano Romano, allant de pair avec la transmission de messages plutôt graves. Dans le christianisme oriental (Orthodoxes, gréco-catholiques, Maronites, Melchites, Coptes...), par contre, ces phénomènes, dont on note une croissance exponentielle pendant les dernières décennies, ont lieu pour la plupart en silence, avec certaines exceptions notoires comme à Soufanieh en Syrie. Ces signes interrogent les croyants qui, tout comme le clergé oriental, semble les accueillir plus facilement qu'en Occident. 

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