Depuis le temps des premiers chrétiens, une grande apostasie ou perte de la foi a été considérée comme une des caractéristiques de la période qui précède le retour du Christ, période dont parlent l'apôtre Paul et Jésus lui-même. Il est vrai que ces passages ont souvent donné lieu à des interprétations extrêmes de la part de ceux qui ont voulu l'Eglise de leur temps, comme nous pouvons aussi voir par rapport à la venue de l'Antichrist (surtout à l'époque de la Réforme). Par contre, regardant à la fois les propos des Papes et les affirmations de saints et mystiques catholiques, il semble difficile de nier la pertinence de ces passages pour une lecture de la situation actuelle du christianisme occidental, surtout en Europe.
Références dans les Ecritures :
- "Beaucoup de faux prophètes se lèveront, et ils égareront bien des gens. À cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidir." (Matthieu 24:11-12)
- "le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?" (Luc 18:8)
- "Frères, nous avons une demande à vous faire à propos de la venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui : si l'on nous attribue une inspiration, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer. Ne laissez personne vous égarer d’aucune manière. Car il faut que vienne d’abord l’apostasie, et que se révèle l’Homme de l’impiété, le fils de perdition, celui qui s’oppose, et qui s’élève contre tout ce que l’on nomme Dieu ou que l’on vénère, et qui va jusqu’à siéger dans le temple de Dieu en se faisant passer lui-même pour Dieu." (2 Thessaloniciens 2,1-4)
- "L’Esprit dit clairement qu’aux derniers temps certains abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits trompeurs, à des doctrines démoniaques" (1 Timothée 4:1)
- "Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques." (2 Timothée 4,3-4)
Références dans la Tradition :
Dans un sermon donné en 1873 lors de l'ouverture du séminaire St Bernard, St John Henry Newman - qui avait déjà été préoccupé par des sujets eschatologiques pendant sa période anglicane avant de se convertir au catholicisme - voyait dans la "peste de l'infidelité" de son époque par rapport à la doctrine chrétienne un présage des Derniers Temps :
- "Je sais que toutes les époques sont périlleuses [...] mais la nôtre est marquée par une obscurité d'une qualité différente de toutes celles qui l'ont précédée. Le péril spécial des temps devant nous est la propagation de cette peste d'infidélité que les Apôtres et notre Seigneur Lui-même avaient prédite comme étant la pire calamité des derniers temps de l'Eglise. Et au moins une ombre, une image typique des temps derniers commence à se répandre dans le monde. Je ne veux pas dire que ce sont les derniers temps, mais ils ont la prérogative néfaste de ressembler à cette saison-là, où il est dit que même les élus seront en danger de tomber."
Dans l'Encyclique E Supremi (1903), le Pape Pie X exprima des sentiments pareils :
- "Nous éprouvions une sorte de terreur à considérer les conditions funestes de l'humanité à l'heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaille, en ce moment bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s'aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu'aux moelles, l'entraîne à sa ruine ? Cette maladie, Vénérables Frères, vous la connaissez, c'est, à l'égard de Dieu, l'abandon et l'apostasie ; et rien sans nul doute qui mène plus sûrement à la ruine, selon cette parole du prophète : "Voici que ceux qui s'éloignent de vous périront" [...] Qui pèse ces choses a droit de craindre qu'une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps, et comme leur prise de contact avec la terre, et que véritablement "le fils de perdition" dont parle l'Apôtre n'ait déjà fait son avènement parmi nous. Si grande est l'audace et si grande la rage avec lesquelles on se rue partout à l'attaque de la religion, on bat en brèche les dogmes de la foi, on tend d'un effort obstiné à anéantir tout rapport de l'homme avec la Divinité!"
25 ans plus tard, c'est au tour de Pie XI d'évoquer le "début des douleurs" et la venue de "l'homme de péché" dans un contexte où la société encourage l'apostasie, le reniement du Christ :
- "Les églises sont abattues et renversées; on arrache des religieux et des vierges consacrées de leur demeure - on leur inflige insultes et traitements barbares, faim et prison; des groupes d'enfants et de jeunes filles sont arrachés au sein de l'Eglise leur mère; on les incite à renier le Christ, à blasphémer et à se livrer aux pires excès de luxure; le peuple entier des chrétiens, tristement découragé et dérangé, risquent continuellement de perdre la foi ou de périr, parfois de la mort la plus atroce. Ces choses sont vraiment si tristes qu'on pourrait dire que de tels événements présagent et annonce le "début des douleurs", c'est-à-dire celles qu'apportera l'homme de péché "qui s'élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou honoré d'un culte" (II Thess 2,4). (Miserentissimus Redemptor, 1928)
Plus récemment, Jean-Paul II et Benoît XVI ont parlé d'une apostasie dans les pays historiquement marqués par le christianisme :
- "À la racine de la perte de l'espérance se trouve la tentative de faire prévaloir une anthropologie sans Dieu et sans le Christ. Cette manière de penser a conduit à considérer l'homme comme « le centre absolu de la réalité, lui faisant occuper faussement la place de Dieu. On oublie alors que ce n'est pas l'homme qui fait Dieu, mais Dieu qui fait l'homme. L'oubli de Dieu a conduit à l'abandon de l'homme », et c'est pourquoi, « dans ce contexte, il n'est pas surprenant que se soient largement développés le nihilisme en philosophie, le relativisme en gnoséologie et en morale, et le pragmatisme, voire un hédonisme cynique, dans la manière d'aborder la vie quotidienne ».La culture européenne donne l'impression d'une « apostasie silencieuse » de la part de l'homme comblé qui vit comme si Dieu n'existait pas." (Jean-Paul II, Exhortation Apostolique Ecclesia in Europa, 28 juin, 2003)
- "Si, à l'occasion du 50 anniversaire des Traités de Rome, les gouvernements de l'Union désirent s'"approcher" de leurs citoyens, comment pourraient-ils exclure un élément essentiel de l'identité européenne tel que le christianisme, dans lequel une vaste majorité d'entre eux continue de s'identifier? N'est-il pas surprenant que l'Europe d'aujourd'hui, tandis qu'elle vise à se présenter comme une communauté de valeurs, semble toujours plus souvent contester le fait qu'il existe des valeurs universelles et absolues? Cette forme singulière d'"apostasie" d'elle-même, avant même que de Dieu, ne la pousse-t-elle pas à douter de sa propre identité? De cette façon, on finit par répandre la conviction selon laquelle la "pondération des biens" est l'unique voie pour le discernement moral et que le bien commun est synonyme de compromis. En réalité, si le compromis peut constituer un équilibre légitime d'intérêts particuliers différents, il se transforme en mal commun chaque fois qu'il comporte des accords qui nuisent à la nature de l'homme." (Benoît XVI, 24 mars 2007)
Cette apostasie, par contre, n'est pas réservée aux laïcs et la société civile. Comme le note avec force Paul VI, il s'agit également de l'entrée de forces maléfiques à l'intérieur de l'Eglise, exerçant une influence sur le clergé et les théologiens:
- "Nous avons l'impression que par quelque fissure la fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu." (Paul VI, 29 juin 1972)
- “Il y a un très grand trouble en ce moment dans le monde et dans l’Église, et ce qui est en question, c’est la foi. Il arrive maintenant que je me redise la phrase obscure de Jésus dans l’Évangile de saint Luc : ‘Quand le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-il encore de la foi sur la terre ?’ Il arrive que paraissent des livres où la foi est diminuée sur des points importants, que l’épiscopat se taise, qu’on ne trouve pas ces livres étranges. Et c’est cela qui, à mes yeux, est étrange. Il m’arrive de relire l’Évangile de la fin des temps et de constater qu’il y a en ce moment certains signes de cette fin. Est-ce que nous sommes proches de la fin ? c’est ce que nous ne saurons jamais. Il faut toujours nous tenir prêts à la fin, mais tout peut durer très longtemps. Ce qui me frappe quand je considère le monde catholique, c’est qu’à l’intérieur du catholicisme une pensée de type non-catholique semble parfois avoir le dessus, et il se peut que cette pensée non catholique à l’intérieur du catholicisme devienne demain la plus forte. Mais elle ne représentera jamais la pensée de l’Église. Il faut que subsiste un petit troupeau, même si c’est un troupeau tout petit”. (Paul VI, cité dans Jean Guitton, Paul VI secret p. 168)
Références chez les prophètes modernes et contemporains :
Les impressions de Paul VI sont corroborées par toute une série de révélations privées de la deuxième moitié du XXe siècle. Il y a une accélération indiscutable dans ce sens à partir des années 1960 et surtout pendant les années chaotiques qui suivent Vatican II, mais il faudrait souligner que le Concile lui-même n'est jamais remis en question par les sources sérieuses, dont les messages ne se prêtent pas aux interprétations anti-conciliaires des lefebvristes et autres sédévacantistes.
- (Marie) : "Quand Satan atteindra le sommet de l’Eglise, sachez qu’il réussira alors à séduire les esprits des grands scientifiques […] A partir de 1972 commencera le temps de Satan et le temps des grandes épreuves. Ma fille, le moment sera très délicat, les cardinaux seront opposés aux cardinaux, les évêques aux évêques […]" (là Teresa Musco, âgée de 8 ans, 13 août 1951)
- (Jésus) : "Les âmes qui me sont consacrées m'offensent par leur froideur: elles ont suffoqué la flamme de l'amour pour Dieu; leur chef est Satan. Qui me reçoit dignement? Je demande des réparations, ils me répondent par des outrages. Ils sèment la haine contre Dieu.[...]. Mon cœur saigne de voir le siège du vicaire du Christ devenir une scène de crimes." (à Elena Aiello, 5 juillet 1952)
- (Marie) : "Le monde est tombé trop bas: leur "dieu" est le péché, le plaisir, la malhonnêté... L'Eglise est blessée de l'intérieur et de l'extérieur. Désormais les ténèbres couvriront la Terre... l'heure actuelle est parmi les plus terribles pour l'humanité, pour l'Eglise, pour le Christ sur terre (le Pape). On peut même dire que c'est l'heure de Satan. Mes ministres ne prêchent plus l'Evangile." (à Elena Aiello, 4 mars 1955)
- (Marie / St Michel) : "Avant la coupe était en train de se remplir, voici maintenant qu’elle déborde. Beaucoup de cardinaux, d’évêques et de prêtres s’engagent sur le chemin de la perdition, entraînant avec eux un grand nombre d’âmes. L’Eucharistie est chaque jour plus maltraitée. Nous devons tout faire pour écarter de nous la colère de Dieu. Si vous lui demandez pardon, dans la sincérité de vos âmes, Il vous pardonnera. Moi, votre Mère, par l’intercession de l’ange saint Michel, je viens vous dire de vous corriger. Vous êtes entrés dans les derniers avertissements. Je vous aime beaucoup, et ne veux pas votre condamnation. Adressez-vous à Nous sincèrement, et Nous vous exaucerons. Il faut vous sacrifier davantage. Pensez à la Passion de Jésus." (18 juin 1965, Garabandal)
- (Marie) : "Le travail du diable s’infiltrera même dans l’Eglise, de sorte que l’on verra des cardinaux s’opposer à des cardinaux, des évêques contre d’autres évêques. Les prêtres qui me vénèrent seront méprisés et combattus par leurs confrères. Les églises, les autels seront saccagés, l’Eglise sera pleine de ceux qui acceptent les compromis et le démon pressera de nombreux prêtres et des âmes consacrées à quitter le service du Seigneur." (à Sr Agnès Sasagawa, 13 octobre 1973, Akita au Japon)
- (Jésus) : "L'insensibilité de beaucoup de mes ministres devant le scandale du refus de Dieu, devant le scandale du refus de Dieu, devant le scandale de l'apostasie universalisée, la passivité avec laquelle ils aident à la perdition de tant d'âmes, sont vraiment une plaie lacérante pour mon Coeur miséricordieux." (à Mgr Ottavio Michelini, 26 août 1975)
- "Pendant la messe, à l'offertoire, "la lumière" est venue sur l'autel et le prêtre et, progressivement, sur tous ceux qui étaient présents. Lors de la consécration, j'ai entendu: "Soyez fidèles à la "vraie doctrine", amenez mon Peuple à Moi et je nourrirai leur âme." Lors de ma communion, j'ai eu une vision céleste. J'ai vu le monde entier devant moi et j'ai entendu: "Ils ont ravagé mon Eglise et chassé mes disciples dans le désert." Ce que je voyais devant moi était un grand chaos, et je ressentais une terrible douleur spirituelle à cause de cela. "La Voix" a dit: "Regardez bien et comprenez bien tout ce que je vais vous montrer." Et j'ai dû regarder un spectacle lugubre. J'ai vu plusieurs grands bâtiments. J'ai reconnu l'un d'eux comme la paroi latérale du Vatican. Les autres bâtiments étaient des séminaires et des universités. J'ai vu des prêtres et des ecclésiastiques sortir de tous ces bâtiments. J'ai eu peur parce que leurs visages ressemblaient à des têtes de renards, de loups et de hyènes. Ils rôdaient et se déplaçaient comme ces animaux. C'était un spectacle horrible et je frissonnais tout au long de ma colonne vertébrale. J'ai entendu "La Voix" dire: "Ce sont ceux qui ont conduit mon peuple dans le désert et qui ont brisé mon Eglise." (Ida Peerdeman, Amsterdam, 31 mai 1978)
- (Marie) : "L'heure de la grande apostasie est venue. Est en train de se réaliser ce qui a été prédit par la divine Écriture dans la seconde lettre de saint Paul aux Thessaloniciens. Satan, mon Adversaire, a réussi, par sa ruse et ses séductions sournoises, à répandre partout les erreurs, sous la forme d'interprétations nouvelles et de meilleures mises à jour de la vérité ; il a réussi à en conduire beaucoup à choisir délibérément de vivre dans le péché, dans la conviction fallacieuse que ce n'est plus un mal, au contraire, même une valeur et un bien. Les temps de la confusion générale et du grand trouble des esprits sont venus. La confusion est entrée dans les âmes et dans la vie de tant de mes fils. Cette grande apostasie se répand de plus en plus, aussi au sein même de l'Église catholique. Les erreurs sont enseignées et diffusées alors qu'avec tant de facilité, sont niées les vérités fondamentales de la foi, que le Magistère authentique de l'Église a toujours enseignées et défendues énergiquement contre toute déviation hérétique." (à Stefano Gobbi, 11 juin 1988)
- (Marie) : "Mon cher fils, je te donne une nouvelle douloureuse. Satan est en train de s’emparer de toute l’humanité, et maintenant il cherche de détruire l’Eglise de Dieu à travers beaucoup de prêtres. Ne le lui permettez pas! Aidez le Saint-Père! Satan sait qui son temps est sur le point de finir, parce que mon fils Jésus va intervenir." (à Fabio Gregori, Civitavecchia, 30 juin 1995)
- (Jésus) : "L'apostasie est à son comble. On a laissé toute la place au monde, à la chair et au démon. Voilà ce qui occupe la première place chez les enfants de cette génération qui s'en vont directement à leur perdition, à leur destruction. Ma très Sainte Mère et Moi avons réussi à retenir encore un peu le bras de la Justice divine, mais ... ce ne sera plus pour longemtps : vous le constatez de plus ici et là sur la Terre." (à Sulema, 30 décembre 2010)
Ayant parlé de l'apostasie d'une manière générale, dans le prochain article nous verrons de plus près la question de la personne de l'Antichrist et les mécanismes par lequel les forces du mal ont réussi à s'infiltrer dans l'Eglise.