Le prophète Daniel qui a vécu au VIème siècle avant Jésus-Christ, au temps du Roi Nabuchodonosor, a fait deux prophéties concernant la date de la venue du Messie, qui sont rapportées dans la Bible hébraïque comme dans la traduction des Septante, réalisée au IIIème siècle avant Jésus-Christ : une sur les « 4 royaumes » (Dn 2,39) qui viendront avant la venue du Messie (Nabuchodonosor, Perses, Grecs, Romains) et une autre sur les « soixante-dix semaines » (Dn 9,24) qui séparent « une parole » annonçant la reconstruction du Temple et « l’avènement d’un Messie » mais au verset suivant, il est annoncé que le Messie sera « supprimé » puis que le chef d’un peuple à venir « détruira la Ville et la Lieu Saint » (Dn 9,26). Les prophéties de Daniel n’étaient pas parfaitement claires mais elles parlaient d’une période que les juifs ont essayé de calculer de différentes manières et qui correspondaient au Ier siècle de notre ère, si bien qu’au IIIème siècle, le Talmud est contraint d’avouer « toutes les dates calculées pour la venue du Messie sont échues » (Traité Sanhédrin 97,2). Mais au-delà de la question de la date, Daniel prophétisait clairement la destruction futur de ce Second Temple et de Jérusalem dont il annonçait en même temps qu’ils seraient « rebâtis » auparavant, après l’exil (Dn 9,25).
D’habitude, dans l’Histoire, il arrive souvent que les conquérants ou les ravages du temps conduisent à la destruction des villes et des constructions les plus belles, mais dans tous les exemples connus, il subsiste toujours des ruines des villes antiques et il reste quelques pierres des plus célèbres édifices.
La prophétie de Jésus va beaucoup plus loin que ces destructions habituelles, car elle insiste sur le fait qu’il ne restera pas « pierre sur pierre » et que « tout sera détruit » et c’est bien ce qui s’est passé, en deux moments successifs : en 70 d’abord, Titus et ses légions firent le siège de Jérusalem pendant de longs mois et ils firent payer très cher aux habitants et aux murs leur résistance, mais la révolte repris en 135 après Jésus-Christ et c’est alors, que cette deuxième fois les romains décidèrent de détruire la ville de manière systématique, de la rebaptiser en lui donnant un nouveau nom - « Aeolia Capitolina » - et de tuer ou déporter toute la population juive qui y résidait.
Il faut d’abord noter que la révolte que les juifs menèrent contre l’autorité romaine à l’intérieur de l’Empire en 70 puis en 135 était d’abord un événement très rare, vraiment intolérable pour Rome.
Cette époque en effet, entre la victoire d’Auguste en -29 avant Jésus-Christ et la mort de Marc Aurèle en 180 après Jésus-Christ, était celle de la période de la « Paix Romaine » (la Pax Romana) inaugurée d’abord par 25 ans de paix complète – y compris à l’extérieur des frontières de l’Empire (Limes) – , et conservée ensuite sans cesse pendant 2 siècles à l’intérieur des frontières – à l’exception de la courte crise provoquée par Néron en 68 –. La révolte du peuple juif apparaissait donc comme une exception inadmissible et humiliante qui justifiait la répression la plus féroce, afin de faire un exemple.
Mais la volonté romaine d’en finir définitivement avec le problème des juifs s’explique aussi par la crainte qu’avaient suscitées les prophéties juives et leur échos dans le monde. Deux des plus grands historiens latins, Tacite et Suétone, rapportent à la fin du premier siècle et au début du second ces rumeurs qui ne pouvaient qu’effrayer Rome.
Tacite écrit ainsi dans les Historiae : « La plupart étaient persuadés qu’il se trouvait écrit dans les anciens livres des prêtres, que, vers ces temps, l’Orient grandirait en puissance. Et que de Judée viendraient les dominateurs du monde » Et Suétone, dans la Vie de Vespasien « Par tout l’Orient, une idée gagnait les esprits : l’opinion constante et fort ancienne selon laquelle il devait être écrit dans le destin du monde que de la Judée viendraient en ce temps-là les dominateurs du monde ».
Ces deux historiens écrivaient à la fin du premier siècle et au début du second, sans pouvoir connaître le triomphe, encore à venir, de celui qui serait effectivement un jour le « dominateur » du monde occidental.
C’est ainsi que la terrible prophétie du Christ a été accomplie finalement en 135 après sa venue, de manière précise, étonnante et inattendue.